Un article écrit par Sarah – The Arabic Novel @thearabicnovel

Nous sommes en 2016, Feurat Alani, journaliste français, est alors âgé de 36 ans. Les réseaux sociaux sont en pleine effervescence, lorsqu’à son tour, il s’empare de Twitter pour s’exprimer plus intimement sur un passé qui l’habite. Il décide d’aborder en quelques tweets une période particulière, celle de sa première rencontre avec la terre de ses parents, l’Irak.

Les premiers tweets émergent lentement sur le sujet. Un, deux puis trois pour dépasser la barre des mille cinq cents, des bribes de vie postés en guise de réminiscence qui résonnent et subjuguent les foules.

Tandis que sur cette plateforme, il faut être bref, Feurat s’étend, s’épanche et se raconte en empruntant le regard de cet enfant de neuf ans qu’il était. Cet assemblage de tweets donnera naissance à un ouvrage, « Le parfum d’Irak », éloge d’un Irak aux mille parfums.

Cet ouvrage illustré par Léonard Cohen se veut une véritable expérience olfactive, à l’image de la première glace prise par Feurat à son arrivée en Irak.

Le soleil d’été frappe alors la ville de Bagdad sans ménagement, lorsqu’on lui offre une glace saveur abricot qui le transporte.  L’abricot deviendra pour lui l’une des saveurs de ce pays qui aurait dû être entièrement le sien.

Ce sont ces expériences simplement humaines que Feurat s’évertuera à transmettre. Car il n’y a pas que les bombes et leur auréole cendrée en Irak, il y a toutes ces effluves de saveurs et de senteurs, de la texture du rouge à lèvre de sa tante à l’odeur musquée des soldats environnants, en passant par celui du café corsé ou encore du thé à la cardamone accompagné de biscuits fourrés aux dattes, qui donnent du corps à son escapade. 

Ce retour aux sources parentales se déroule pour la première fois en 1989, l’Irak mené par Saddam Hussein occupe le Kuweit pendant une période de sept mois. Plus tard en 1991, ce sont les États-Unis qui riposteront, bombardant le pays. Feurat multipliera les voyages sur cette période, toujours avec la tendresse de l’enfance, à laquelle s’ajoutera plus tard l’étonnement d’un jeune adolescent puis enfin l’entière maturité d’un adulte devenu grand reporter.

Ces différents points de vue sont brillamment retranscrits par Léonard Cohen. Les illustrations ont des proportions qui laissent deviner la découverte enfantine, les couleurs sont exacerbées, les ombres ont un rôle prédominant, souvent menaçant. Enfin, les teintes prennent une carnation davantage pastel avec la maturité, tous les traits ne sont pas spécialement dessinés pour restituer aux souvenirs leur véracité.

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Pour pousser davantage l’expérience olfactive, une série de mini documentaires a également été adaptée par Arte, disponible intégralement en cliquant ici. Le livre et la série sont proposés à la consommation au même moment. Ces tweets de l’été 2016 prennent alors vie, se meuvent dans cette palette de couleurs criardes portées par la voix suave de Feurat Alani lui-même se mêlant aux musiques traditionnelles.

Feurat se confiera en interview pour une chaine de télévision française :

« J’ai une mémoire olfactive, c’est pour cela que j’ai retranscrit cela comme cela. »

L’ouvrage est disponible depuis peu en format poche, aux éditions « J’ai Lu. »

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Pour celles et ceux qui voudrait prolonger l’expérience dans son univers, Feurat nous propose de plonger une nouvelle fois dans ses souvenirs, par le biais de son nouvel ouvrage « Falloujah – ma campagne perdue ». Cette fois, c’est le grand reporter qui est convoqué pour retourner sur les traces de Falloujah, cette ville terrassée par l’état islamique.

Entre personnel et professionnel, l’auteur revient sur ces ruines qui bordent le fleuve dont est tiré son prénom, « l’Euphrate ». Une œuvre que nous souhaitons vivement voir adapter aussi pour les écrans.

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Sarah, de son pseudonyme The Arabic Novel, est une jeune autrice passionnée par l’univers artistique et littéraire du monde arabe. Elle tient un compte Instagram et une chaîne YouTube dédiés à l’expression de cette passion. The Arabic Novel réalise également des interviews d’auteurs en vidéo, où elle les questionne sur le processus créatif qui leur est propre.

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