Des voix, des harmonies, des rythmes et des couleurs. A-WA, groupe constitué des trois sœurs israéliennes d’origine yéménite Tair, Liron et Tagel Haim, offre une explosion de sonorités, d’influences et d’espoirs.

IL ETAIT UNE FOIS TROIS SOEURS

Tair, Liron et Tagel sont nées dans le petit village de Shaharut, au sud d’Israël, non loin de la frontière égyptienne. Cependant, leurs racines nous emmènent plus au sud encore, dans la péninsule arabique, au Yémen. Leur histoire familiale est en effet marquée par l’opération clandestine Tapis volant, menée en 1949 : leur arrière grand-mère, ainsi que des dizaines de milliers de juifs yéménites en proie à des persécutions, sont transférés par avion du Yémen vers l’Etat d’Israël, alors nouvellement créé.

Dès leur enfance, la musique et le chant sont au cœur du quotidien des sœurs Haim, notamment grâce à leur mère qui leur transmet les traditions et chants du Yémen, et leur père qui leur donne des cours.

Notre père jouait et chantait à la maison. C’est lui qui nous a donné ce goût pour la musique. Il nous a toujours encouragées à faire de la musique et à devenir musiciennes.

Liron Haim sur RFI musique, 12.6.2019.

Elles prennent ainsi l’habitude de chanter ensemble, en trio, que ce soit des chants traditionnels ou de la musique contemporaine.

Quelques années plus tard, les trois sœurs décident de déménager à Tel Aviv, et sont repérées par Tomer Yosef, du groupe américain-israélien Balkan Beat Box. Celui-ci leur propose de les signer sur son label, et les accompagne dans la production de leurs premières chansons.

En 2015 sort ainsi leur premier album, Habib Galbi, un triomphe qui les amène à réaliser des tournées internationales. Les morceaux de cet album reprennent des chants yéménites traditionnels, réinterprétés à la façon A-WA ; en revanche, leur deuxième et dernier album en date, Bayti fi rasi Ma maison est dans ma tête »), sorti en 2019, est constitué de chansons originales, dont les textes et la musique ont été écrits par le groupe.


FUSION & HOMMAGE MODERNE

La musique d’A-WA est le résultat de plusieurs fusions, à la fois hommage, réinterprétation et modernisation. Les trois sœurs mêlent ainsi les chants et berceuses yéménites anciens, en particulier sur le premier album, avec leurs propres inspirations contemporaines, à savoir des rythmes hip-hop et électro qu’elles ont pu entendre sur MTV pendant leur jeunesse.

Elles chantent principalement en arabe yéménite, leur trois voix créant des harmonies où chacune d’elles garde pourtant sa singularité, et s’inscrivent ainsi dans la lignée de la reine de la musique yéménite, Ofra Haza, qui a rendu ce type de musique populaire et qui est l’une de leur grandes inspirations.

Cependant, leur musique n’est pas limitée en terme de genre ; les sœurs Haim sont au contraire très ouvertes aux sonorités éclectiques : des rythmes reggae sur Al-Assad, à leur collaboration avec le très réputé groupe de musique électro Acid Arab sur Gul l’abi.

Les musiques et les paroles des morceaux d’A-WA dégagent une énergie positive et revendicatrice, parfois militante. Ce contraste entre des paroles engagées et des rythmes solaires et dansant n’est pourtant pas si étonnant : il est également hérité de leurs racines yéménites, dans lesquelles cette apparente opposition se retrouve fréquemment.


LES COULEURS D’A-WA

À l’image du groupe, de sa musique et de son histoire, l’esthétique d’A-WA est une fusion totale de leurs influences et de leurs racines, pour un résultat décalé. L’univers des trois sœurs est donc immédiatement reconnaissable et met à l’honneur les couleurs et les contrastes – tant dans leurs visuels que leurs tenues ou leurs clips.

Nous arborons notre identité avec fierté. […] Nous sommes femmes, juives, Israéliennes, yéménites et de notre temps.

A-WA dans Toute la culture, 19.4.2019

Tair, Liron et Tagel aiment arborer des vêtements aux associations très originales et funky, et prônent la liberté de s’exprimer pleinement à travers les tenues que nous portons.

Elles n’hésitent pas à mixer des vêtements traditionnels avec des éléments de hip-hop – des ensembles Adidas avec une coiffe yéménite, ou encore des djellabas avec des baskets aux pieds. Elles ont également collaboré avec le photographe marocain Hassan Hajjaj pour la pochette de leur premier album, pour laquelle il a même conçu les djellabas colorées que les sœurs portent.

Les clips du groupe, dirigés méticuleusement par les sœurs Haim, et principalement filmés à Shaharut, le village israélien de leur enfance, présentent également un travail rigoureux sur les couleurs et la mode. Elles fusionnent encore une fois les univers, avec des éléments yéménites détournés parfois avec une touche d’humour. Dans Hana mash hu al Yemen par exemple, morceau qui évoque la complexité de l’intégration dans un pays étranger, elles emploient les pots contenant normalement de la nourriture en tant qu’accessoire de mode, portés comme des coiffes.

Par ces mélanges, A-WA portent également l’espoir de l’union des peuples. Leur titre Habib Galbi a en effet été le premier morceau chanté en arabe à apparaître en tête des charts en Israël.

POUR SUIVRE A-WA : Site officielInstagramFacebookYouTube

Pour en découvrir plus sur l’histoire et les intersections judéo-arabes, n’hésitez pas à lire l’excellent article de Soumaya, du média désoriental : Intersections judéo-arabes !

PLAYLIST •

Cliquez sur l’image pour y accéder !

Vous pouvez également aimer :