« Icône de la culture iranienne », « Reine de la pop persane », « Diva intemporelle » ou encore « fille de l’Iran », Googoosh réunit tous les superlatifs tant elle est l’incarnation du patrimoine culturel iranien.

Chanteuse, actrice et modèle pour la jeunesse à son apogée dans les années 60 et 70, Googoosh traverse les époques en jouissant d’une immense popularité auprès des populations persanophones à travers le monde.

Au sommet de sa notoriété, elle personnifie désormais l’Iran d’autrefois et unit un peuple dans le souvenir de son passé.

ENFANT PRODIGE ET ARTISTE AU DESTIN HORS-PAIR

Googoosh, de son vrai nom Faegheh Atashin, naît en 1950 à Téhéran, en Iran. C’est durant son enfance qu’elle se fait surnommer Googoosh, un nom d’origine arménienne signifiant « oiseau ».

Encouragée par son père, elle commence sa carrière en tant que chanteuse et actrice très tôt, dès l’âge de quatre ans. Googoosh devient rapidement connue et appréciée dans tout le pays – y compris par le couple impérial Pahlavi pour lequel elle chante occasionnellement en privé.

Pendant les années 60, Googoosh participe à des festivals de musique, et gagne de nombreux prix. Elle accompagne ainsi l’arrivée de la pop-music en Iran, et finit par l’incarner. Toute la population, dans sa variété sociale, aime Googoosh et la voit grandir à travers les écrans.

Les années 70 marquent l’apogée de sa carrière. Les tubes se succèdent, et elle symbolise un modèle de modernité et de style. Les femmes copient ses coiffures et ses looks, et elle devient ainsi l’idole iranienne de l’époque.

Après la Révolution de 1979, il est désormais interdit pour une femme de chanter seule sur scène, et le genre de musique que chante Googoosh est banni. Elle n’a plus le droit de chanter pendant vingt ans, mais choisit de rester en Iran. Googoosh disparaît ainsi de la scène musicale et des écrans de cinéma. 

En 2000, après 21 ans de silence, années qui ont probablement contribué à accroître sa popularité, Googoosh quitte l’Iran. Elle décide de s’installer au Canada puis aux Etats-Unis, et réalise alors son grand retour sur la scène musicale. Elle débute une tournée mondiale, le Googoosh Comeback Tour, et recommence à sortir régulièrement de nouveaux albums. 

Googoosh pendant son concert à l’Air Canada Centre de Toronto, Juillet 2000.
(© CP PHOTO/Kevin Frayer)

GOOGOOSH, DIVA DE LA POP IRANIENNE

Portées par sa voix unique, ses musiques mêlent poèmes persans et influences funk et pop de l’époque. Avec l’aide de compositeurs tels que Shamaizadeh ou Parviz Maghsadi, ses chansons, qui abordent l’amour et la nostalgie, deviennent systématiquement des tubes. 

Son clip Nemiyad, sorti en 1968, constitue un véritable tournant pour l’époque. Googoosh, qui a tout juste dix-huit ans, fait sensation et apparaît comme un modèle de liberté. En effet, son air mutin, sa coupe à la garçonne, sa tenue moulante, ses pas de danse et ses mimiques assumées renvoient une image très novatrice, voire « osée » pour l’époque.

Googoosh réalise des chansons en persan, mais aussi en turc, arménien, anglais, français, italien ou encore espagnol. Ainsi, son répertoire musical est immense, avec plus de 250 chansons en persan et 55 chansons internationales.

Elle se produit également sur scène avec des artistes internationaux, comme Charles Aznavour.


GOOGOOSH, STAR DE CINÉMA

Tout au long des années 70, en plus des centaines de chansons enregistrées, la diva iranienne joue également dans une trentaine de films au cinéma. 

Chaque nouveau succès éclipse le précédent, et attire une foule toujours plus nombreuse dans les salles iraniennes. Parmi ses films les plus populaires, Bita de Hajir Darioush, pour lequel elle gagne le prix de la Meilleure Actrice dans le cadre du festival iranien Sepas en 1972, ainsi que Hamsafar de Masoud Asadollahi (1975).

Deux de ses mariages sont également liés à sa carrière cinématographique : le premier avec Behrouz Vossoughi, célèbre acteur du cinéma iranien, et le second avec le cinéaste renommé Massoud Kimiaei.

En 1998, un long-métrage documentaire, intitulé « Googoosh : Iran’s Daughter », lui est consacré et est réalisé alors qu’elle est encore interdite d’interviews. Sorti en 2000, il cherche ainsi à situer Googoosh au milieu de la transformation sociale, politique et culturelle de l’Iran.


GOOGOOSH, ICÔNE DE MODE

Connue pour ses tenues flamboyantes et son sens de la mode, Googoosh a su séduire et incarner un idéal de beauté féminin au fil des époques. Ses coiffures caractéristiques et son style élégant sont toujours à la pointe de la mode, et même en avance sur les tendances.

Ses vêtements sont le reflet des nouvelles modes de l’époque, dont elle est souvent la figure de proue en Iran.  Elle lance les mini-jupes dans les années 60, le style hippie dans les années 70 avec des pantalons à pattes d’éléphant, des longs colliers et des fleurs dans les cheveux, ainsi que des costumes plus androgynes.

Ses coupes de cheveux, en particulier, sont très remarquées, et largement adoptées par les iraniennes : longue chevelure brune, coupe garçonne en 1975 qui devient la célèbre coupe “Googooshi”, ou encore teinture blonde.

En tant que diva, Googoosh mise enfin beaucoup sur les accessoires tels que des chapeaux, des foulards, ou des bijoux très colorés.


LE PRESTIGE DE GOOGOOSH

Aujourd’hui, Googoosh reste une personnalité très présente. Elle possède sa propre émission, la Googoosh Music Academy, qui est l’équivalent iranien d’American Idol. Diffusée sur un satellite iranien basé à Londres, et largement regardée par les Iraniens, elle y fait partie d’un jury face à de jeunes chanteurs.

Plutôt éloignée de la politique, Googoosh s’est pourtant engagée en faveur des droits homosexuels dans son clip Behesht en 2012, dans lequel est mis en scène un couple lesbien – ce qui lui a valu de nombreuses réactions et critiques.

Véritable mythe national et artistique, Googoosh incarne une certaine nostalgie de l’époque pré-révolutionnaire. Elle marque ainsi non seulement l’histoire récente de l’Iran, mais également celle de ses pays voisins. Elle jouit en effet d’une immense popularité qui rassemble la diaspora iranienne, et au-delà.

Au Tadjikistan, en particulier, Googoosh est vénérée tant par la population que par des spécialistes, qui se consacrent à son étude. En effet, des « googooshologues » lui ont déjà consacré une dizaine de thèses, et le jour de l’anniversaire de la chanteuse, le 5 mai, est même devenu une fête nationale au Tadjikistan. 

PLAYLIST

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